Je l’ai fait. Une fois suffira à mon bonheur. Paris Roubaix cyclo n’est sûrement pas un brevet comme les autres. Une chute, quatre crevaisons, une pluie battante un peu avant d’arriver à Arenberg et jusque Beuvry, il n’aura manqué que le vent contraire pour que cette édition 2010 soit le véritable « Enfer du Nord ».
Tout commence à une heure du matin avec l’embarquement des vélos dans les remorques et des cyclistes dans les bus. Je complète ma sieste de l’après-midi par un somme durant le trajet, je me réveillerai à la sortie de l’autoroute.
Roubaix : 1h00 du matin, les bus sont là avec leur remorque
Le bus A est déjà plein, commence l’embarquement dans le B
Le remplissage des remorques c’est comme le tricot (enfin ce qu’on m’en a dit) un point à l’endroit, un point à l’envers.
Ca se remplit
Certains pressés d’en découdre donnent un coup de main
Je profite du débarquement pour aller chercher ma carte de route. Arrivé dans les premiers, mon vélo ne sera déchargé bien sûr que dans les derniers. Bien que solidement amarré, la carrosserie en a pris un coup. A l’heure ou j’écris, je n’ai pas encore nettoyé mon vélo, mais le frottement d’une sangle a fortement érodé la peinture à certains endroits et j’avais noté quelques impacts sur les haubans.
Départ à 4h45, je profite d’un peloton pour avancer à bonne allure sans devoir trop me préoccuper de l’itinéraire. Le jour point à peine, autant rouler efficace.
Les cent premiers kilomètres ne sont qu’une formalité, pas de côte assassine, temps sec.
Au loin se profile le peloton avec lequel j’ai démarré et que j’ai dépassé lors de leur premier arrêt pipi
Le groupe comporte un fort contingent de cyclos de Comines
Certains en me voyant de loin interrogent « c’est André Tignon, Cyclos 59 ? »
Je n’ai pas le temps de leur répondre que ce n’est que les Courons du Nord
Ils sont déjà loin dans la pente. Ce seront les seules photos prises sur le parcours, car après cela se corse.
Puis viennent après Bohain les premiers secteurs pavés. Je mets en application la technique recommandée, rouler vite en tenant le haut du pavé. C’est concluant, mais après avoir franchi seulement 4 secteurs, j’ai l’intérieur des deux pouces brûlés et les paumes qui chauffent, malgré une deuxième couche de ruban sur le guidon. Heureusement, j’ai pris la précaution d’emmener des pansements, qui tiendront tant bien que mal.
Ravitaillement de Solesmes, le temps est même agréable
La portion Solesmes – Arenberg, se passera sans trop de difficultés, les portions pavées étant encore sèches. Côté mains, cela ne s’arrange pas vraiment et chaque portion pavée est plus douloureuse que la précédente. J’essaye différentes techniques, tenir fermement le guidon ou au contraire tout relâcher, rien n’est concluant. Aurais-je dû choisir des pneus annoncés plus confortables que mes « Michelin Lithion »? Consolation, je n’ai pas encore crevé.
Au pied du chavalet d’Arenberg, sous un ciel dégoulinant, une affiche annonce le prochain tour de France
L’arrivée à Arenberg se fait sous la pluie qui sera encore plus virulente après la pause. Je revêts un coupe-vent qui aura une utilité imprévue. Dans le pavé de Hornaing c’est en effet la chute. Je ne parviens pas à éviter un cycliste qui s’affale en travers de la route et que je suivais sans doute d’un peu trop près. Il faut dire qu’avec la pluie je ne me sens pas trop de dépasser les participants plus lents. Les bas côtés sont parfois inondés et le pavage nettement plus irrégulier. Pourtant, certains le font avec succès.
Pas de traumatisme important pour aucun des deux et pas de vélo endommagé. Nous reprenons la route, avec la perspective d’autre passages pavés avant la halte de Beuvry.
Beuvry, où j’arrive avec un début d’éclaircie. Je m’aperçois alors que l’intérieur de mon coupe-vent est ensanglanté. Des secouristes présents désinfecteront la plaie et me feront un bandage. Après un solide en-cas, je repars, d’autres plaisirs m’attendent, les pavés bien-sûr… et les crevaisons.
André Tignon a beau dire (Cf. son reportage) ça pique quand même !
Trois crevaisons entre Beuvry et Cysoing !!! Grâce à la sollicitude et la prévoyance d’accompagnants venus encourager un participant, je bénéficierai à chaque fois d’une pompe à pied afin de regonfler correctement et en deux occasions d’une aide à la réparation. C’était appréciable étant confronté, entre autres, à une valve capricieuse et à des pneus de 25c neufs et particulièrement durs à remettre.
De Cysoing, je repars avec la perspective du mythique tronçon du « Carrefour de l’arbre » et pressé d’en finir avec les pavés car mains et bras sont plus douloureux à chaque nouveau secteur. Tout se passe sans encombre et je profite, comme nombre d’autres cyclistes, des bas côtés pour franchir la plus grande partie du « Pavé de Gruson ».
Destination Chereng, où je suis en terrain archi-connu. Bientôt le passage à niveau, il ne restera plus que dix kilomètres. Déjà je suppute un horaire d’arrivée quand survient la quatrième crevaison. En terre civilisée, pas d’accompagnateur obligeant, je dois me débrouiller tout seul en formant des voeux pour qu’il n’y en ait pas de cinquième. J’ai épuisé mon stock de chambres à air neuves, après il faudra réparer.
Je passerai sans encombre le « Pavé de Hem » malgré des pneus sous gonflés (et grâce à des bas côtés accueillants) pour enfin rejoindre le vélodrome dont je ferai le tour prudemment en empruntant la partie plane. Ce n’est pas très glorieux, mais les élancements de mon coude m’incitent à la prudence.
Encore douze kilomètres pour retourner chez moi, me récurer et panser mes blessures.
Je ne saurais conclure sans remercier les organisateurs et nombreux bénévoles pour leur accueil chaleureux et leur efficacité.