A pied ou à vélo les spectateurs rejoignent le parcours
Ils attendaient Boonen.
J’avais décidé cette année de changer de pâture pour assister à Paris Roubaix et abandonné le passage à niveau de Willems pour l’avant-dernier secteur pavé, entre Willems et Hem. Ce n’est pas trop loin de chez moi et sûrement moins fréquenté que le secteur de Gruson et bien sûr du carrefour de l’Arbre.
L’une des difficultés est de parvenir à un point de la course sans y camper depuis la veille. Le passage à niveau de Willems présente de ce point de vue le grand intérêt que l’on y accède sans peine par des chemins de traverse. Je décidai d’aborder le secteur convoité par Forest sur Marcq.
Las, à la bifurcation vers Willems, la maréchaussée empêchait toute circulation, qu’elle soit cycliste ou pédestre, mais indiquait un itinéraire bis non macadamisé. Je l’empruntai, bravant avec d’autres un premier panneau sens interdit indiquant une propriété privée et un second, plus inquiétant, annonçant la présence de canidés irascibles. En ce jour de liesse populaire, les bêtes étaient sans doute rentrées à moins qu’elles ne regardassent la course à la télévision. Toujours est-il que, chevauchant mon tout nouveau Sirrus sport, je parvins à rejoindre sans encombre, malgré mes pneus de 28c, le secteur pavé à hauteur de l’auberge des quatre vents.
Assis au soleil, je regarde arriver peu à peu les autres spectateurs. Je trouve toujours un certain intérêt sociologique à cette observation qui laisse transparaître une grande diversité de publics, pour autant que l’apparence soit toujours révélatrice de l’appartenance à une catégorie socio-professionnelle.
Cela va des petites familles cyclotouristes, qui viennent bien sûr à vélo, aux jeunes jupiléristes militants qui déambulent deux canettes de bière dans chacune des trois poches de leur maillot cycliste et dont on espère qu’ils sont venus en bus, en passant par de paisibles retraités qui arrivent avec leur pliant.
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Petite famille version « maternelle »
Famille plus nombreuse version « Ados »
Est-ce un cyclo-motard ou un motard-cyclo ?
Petit à petit, les bords de la route se font plus peuplés et un joyeux brouhaha emplit l’espace sonore. Le premières voitures font leur apparition suivies de peu par la caravane publicitaire. La tension monte d’un cran, pourtant les coureurs sont encore loin. Le vent est contraire et la moyenne horaire s’en ressent. La voiture d’information de la course annonce que Cancellara est en tête avec une avance de trois minutes sans préciser à combien de kilomètres il se trouve.
Les spectateurs sont encore clairsemés
Soeur Anne ne vois tu rien venir ?
De part et d’autre du fossé on s’échange le butin
Un cyclo de Mouvaux en tenue complète attend avec détermination
Les banderoles sont prêtes à être déployées
Et puis, on aperçoit au loin l’hélicoptère annonciateur de la tête de course. Peu après, les phares des voitures accompagnatrices signalent qu’enfin il arrive. Le voilà qui passe sous les bravos, tout juste le temps de faire une photo, pas très nette. Passent ensuite ses poursuivants, les poursuivants des poursuivants… Ils vont vite et il faut être vigilant en prenant les photos à ne pas surestimer la distance qui nous sépare car c’est parfois à quelques centimètres du bord de la route qu’ils déboulent.
Cancellara surgit, je n’aurai pas le temps d’une deuxième photo
Flecha et Hushovd à sa poursuite
Leukemans, Boonen, Pozzato et Hammond
Sébastien Hinault
Passent les coureurs, applaudissent les spectateurs
Les pelotons s’espacent et, sans attendre la voiture balai signal de la fin de course, un nombre croissant de spectateurs s’en retourne prenant possession de la route peu conscients du danger et sans considération pour les derniers coureurs qui avancent pourtant vaillamment.
17h37, les derniers filent vers la douche suivis de la voiture balai, on replie les drapeaux, j’enfourche mon vélo et rentre à un train de sénateur.