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Cyclotourisme

Le Mont Ventoux

 

Le Ventoux tel qu'en mon souvenir

Faute de brevet ce dimanche pour cause de repas de quartier à organiser, je vous propose un petit retour en arrière avec cette semaine de vacances à Malaucène fin avril (Cf. l’article les Courons du Nord en Provence). Sans ce que ce soit délibéré, les évènements relatés ne sont pas sans faire écho à mes récentes tribulations lors de la route des Monts.

Comment résister au Mont Ventoux ? Pour le nordiste que je suis, dont les petits tétons que sont les Monts des Flandres constituent les seules déformations de la ligne d’horizon, cette énorme mamelle qui domine la plaine à des dizaines de kilomètres à l’entour a de quoi alimenter les fantasmes. En mémoire, ces étapes du tour de France. Celle de 2009 la plus récente, ou les Schleck, Contador et autres avalent la pente avec une aisance qui laisse pantois. Celle de 1967, plus lointaine marquée par la mort de Tom Simpson. Je me souviens avoir vu le reportage à la télévision le soir, à cette époque je jouais dehors à l’heure de la retransmission en direct.

Je gardais le souvenir d’un Mont Ventoux baigné de lumière, un matin de printemps, alors que nous en avions fait l’ascension en famille mais cette fois à pied. Cette longue partie terminale dans la pierraille blanche qui, de la plaine, donne l’illusion de neiges éternelles.

C’était dit, j’allais m’attaquer au Mont Ventoux.

Une première journée m’avait permis de me rassurer un peu quant à ma capacité à gravir des pentes soutenues un peu plus longtemps que ne le permettent les reliefs du Nord. J’avais pu également observer le géant et la variabilité de sa couverture nuageuse. Ce n’était pas sans appréhension que j’envisageais cette montée avec laquelle j’avais flirté il y a quelques années de cela, mais sans entraînement et avec un vélo moins adapté.

Départ de Malaucène vers 8h00. La météo s’annonce clémente, tout au moins en matinée, bien que ne ce soit pas le grand beau que nous avons connu en début de semaine. Le temps est frais et la montée vers le col de la Madeleine qui conduit à Bédouin offre un bon échauffement. Arrivé à Bédouin, le ciel commence à se couvrir. J’entame la montée.

Les deux premiers kilomètres sont sans histoire. Après l’embranchement avec la D 19, la pente s’accentue sans dépasser les 7%. Elle devient franchement plus raide après Saint-Esteve, aux abords du sixième kilomètre. Les bornes jaunes et blanches annoncent le nombre de kilomètres restant jusqu’au sommet et la pente. Indicateurs tantôt rassurants, tantôt décourageants selon qu’au moment où je les croise je me sens plutôt à l’aise ou au contraire en difficulté. Peu de cyclistes dans la montée.

Je fais en sorte de ne pas aller au delà de l’avant dernier pignon, voire celui d’en dessous, résolu à ne recourir au plus grand qu’en dernière extrémité. C’est, je vous l’accorde, une façon tout à fait empirique de gérer l’effort mais qui dans la circonstance fonctionna à peu près bien.

J’apprécie, à ce moment de la journée, le ciel couvert m’imaginant ce que peut-être la montée sous le soleil et la chaleur.

J’arrive enfin au chalet Reynart et en profite pour faire une pause barres de céréales avant d’entamer le dernier tiers, l’observatoire en point de mire. Dur, dur les deux derniers kilomètres, le temps fraîchit et le sommet est franchement couvert. Une couche de grésil recouvre les derniers virages.

Arrivé au sommet, j’ai juste le temps de prendre en photo un cyclo italien qui me rend la pareille et de me changer que s’abat une pluie de grêle.

Le coupe vent enfilé, sans m’attarder davantage je bascule de l’autre côté et entame la descente. Côté nord, la route est couverte d’une couche de neige qui rend la descente périlleuse. Je roule sans cesser de freiner alors que la grêle continue de tomber. J’ai rapidement l’onglet et au bout de deux kilomètres, je finis par m’arrêter et marcher. J’avance pratiquement aussi vite et j’ai moins froid. Je ne regrette pas d’avoir loué un vélo sans cale-pieds automatiques et d’avoir chaussé des chaussures de sport facilitant la marche. Cette couche neigeuse durera jusqu’à peu près la barrière qui empêche l’accès aux voitures. Je fais une halte avec l’espoir de me réchauffer mais en vain. Je repars grelottant.

Je ne suis pas d’ordinaire un grand descendeur, mais là je suis particulièrement peu performant. Je tremble tellement que dès que je prends de la vitesse, je ne parviens pas à maîtriser mon guidon et je me fais une ou deux belles frayeurs dans des virages en épingle. La gomme des freins et la neige ont enduit les jantes d’une pâte noirâtre qui réduit considérablement l’efficacité du freinage.

Je renonce à un arrêt boisson chaude, pressé d’en finir.

J’arrive enfin à Malaucène, transis et ayant complètement usé mes patins de freins arrière. Il me faudra quelques heures, malgré le soleil et la chaleur enfin revenus, avant de retrouver une température interne acceptable.

Cette courte randonnée me confirme qu’en montagne ce que je préfère c’est quand même la montée, que ce soit d’ailleurs à vélo ou à pied.

Elle me rappelle également que la montagne reste la montagne, même si une route la traverse et que les conditions météo en altitude peuvent vite devenir franchement hostiles. D’autres randonneurs ont en fait l’expérience cet été au Galibier.

Le sommet n'est plus très loin

 

J'avais imaginé un ciel plus bleu pour cette photo souvenir
1912 m, on ne plaisante pas avec la montagne par mauvais temps
Le ciel sera le même face nord, mais la route, elle, sera complètement enneigée.

Une réponse sur « Le Mont Ventoux »

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